Ce matin je me réveille dans ma superbe maison d’hôte de Gura Humoruilu mais sous la pluie … Le petit-déjeuner m’attend avec des spécialités locales comme le boudin de jambon ou encore les fromages roumains, la salade poulet cornichons ou des pâtisseries, des confitures maison à la rhubarbe et aux framboises et surtout un pain maison juste délicieux … Cristina est très affable et me demande vers où je me dirige et si j’ai apprécié l’hôtel.
Elle me montre la carte des monastères et m’indique la meilleure route (mais je ne suis pas sûr que ce terme puisse s’appliquer à la Roumanie !!). Une fois la voiture chargée sous des trombes d’eau, jeme dis que je reviendrais bien dans cet endroit charmant et je prends la direction de Voronet.
Les monastères peints de Bucovine sont très rares voir même unique et pour la majorité construits entre le XVe et le XVIIe. Ils sont le fruit de la fuite d’ecclésiastiques orthodoxes, à la suite des invasions turques en Bulgarie et Serbie, qui se réfugièrent dans les Carpates où les accueillirent les princes moldaves. Ses monastères fortifiés protégeaient les villageois et les soldats lors des attaques, tandis que les scènes bibliques figurant à l’extérieur des églises distrayaient et éduquaient les masses qui refusaient d’entrer dans l’église ou ne comprenaient pas la liturgie.
L’UNESCO les a classé Patrimoine Mondiale et peu à peu les peintures sont restaurées que cela soit à l’intérieur ou à l’extérieur. Dans chacun d’entre eux les religieux sont présents certains comme ceux de Sucevita et Moldavita sont tenus par des femmes.
Après Voronet, dont les peintures datent de 1540 et sont caractérisés par des bleus dont le Bleu de Voronet, je me dirige vers celui d’Humor qui a la particularité de posséder une tour au sein de son enceinte et de ressembler ainsi à une mini citadelle. Ce monastère n’a retrouvé son statut qu’en 1991 à la fin de l’ère communiste qui l’avait transformé en église paroissiale. Je décide par la suite de me rendre à Putna qui est juste magnifique avec des couleurs encore très vives et bien conservées et une enceinte imposante, à l’intérieur des murs se trouve la tombe du poète Mihai Eminescu, qui avait immortalisé la région sous le nom de Dulce Bucovine, et celle de Stephen cel mare alias Stephen le Grand.
Par la suite je visite celui de Sucevita qui fut la dernière construite des 22 églises peintes, ce qui est frappant lorsque l’on rentre outre l’enceinte rectangulaire c’est l’échelle des vertus peinte sur la façade. Elle comporte une échelle de 32 barreaux qui s’envole de la terre aux cieux, des moines tentent de l’escalader, tandis que le Christ se penche, bras ouverts en signe d’encouragement et que les anges aux ailes multicolores les exhortent à poursuivre leurs efforts.
La route entre Sucevita et mon dernier monastère Moldavita est simplement magnifique (enfin les paysages car l’état de la route est toujours aussi désastreux …) avec des forêts de sapins denses et la brume qui tombe, cela me transporte ailleurs.
Ce dernier édifice est magnifique et ses peintures sont très bien conservées exceptés un côté, les religieuses sont très présentes et les jardins sont en train d’être nettoyés et tondus à la faux …
Après ces visites spirituelles et mystiques car l’atmosphère est quand même très particulier et oblige quasiment au silence pour se retrouver, je prends la route des Maramures (connues pour leurs magnifiques églises en bois). Il faut quand même spécifier que les entrées sont à moins de 1€ et que je suis presque seul lors des visites ce qui rend les lieux encore plus magiques.
La route qui nous mène à Baia Mare notre point de chute est la 18, le GPS nous indique une arrivée vers 21h30 alors qu’il est à peine 16h et que nous avons 230km à faire cependant maintenant je le croie et commence à regretter … et à me demander ce qui m’attend encore !! Le premier tronçon de route est horrible, des trous partout, le revêtement fait des vagues, il y a du monde pas de place pour doubler et il pleut … Cependant les paysages sont magnifiques.
Je commence à m’enfoncer de plus en plus dans les Carpates et le ciel commence à s’assombrir ce qui nous plonge dans un autre monde, je suis entouré de forêts de sapins toujours très denses, plus d’habitations depuis déjà plusieurs dizaines de km et peu de voitures en face … et je roule à 60km/h pour cause d’ornières. Je ne ne fais pas le malin car tomber en panne ne serait pas le bienvenue.
Le pire est encore à venir puisque quelques km plus tard viennent s’ajouter à ce tableau des Roms, ils sont installés sur les bords de la route au milieu de nulle part, dans des camps de fortune composés de tentes faites de bâches plastiques et de charriotes installées autour d’un feu de camp … cela devient de moins en moins rassurant ! Heureusement ce spectacle ne dure que quelques dizaines de minutes mais deçà et là j’en recroise quelques uns, je me demande bien de quoi ils vivent et quelle vie cela doit être ?
Sur cette D18, la crainte principal est tout simplement de crever en plein milieu de nul part dans la brume et sous la pluie… Je finis enfin par attaquer le dernier tronçon qui s’étend sur 45 km et qui est entièrement composé de lacets … le brouillard vient s’ajouter à la pluie et je ne voie plus à 10m, Je me concentre donc sur la route.
Heureusement, j’arrive à bon port, sans encombres, dans la banlieue de Baia Mare. Il ne me reste plus qu’à trouver l’hotel mais non sans difficultés malgré le GPS. Ce dernier est de style très ”ère communiste” mais me conviendra très bien pour une nuit et sera toujours mieux que la forêt !!
A toute.